Isidore de Péluse

Péluse était au Ve siècle de notre ère le second port d'Égypte, situé à l'est du delta du Nil, sur la route qui menait en Palestine. Isidore y fut très probablement professeur de rhétorique, puis, comme prêtre, didascale de l'Église. Devenu moine, non loin de Péluse, il resta, jusqu'à sa mort (435 environ), en communication, le plus souvent épistolaire, avec un grand nombre de personnages de la région, laïcs, clercs, moines. Environ deux mille lettres écrites en grec sont parvenues jusqu'à nous. L'étude de cette correspondance et de ses destinataires, fondée sur l'établissement d'un texte critique nouveau, permet de connaître, de l'intérieur, les divers milieux qui composent le tissu social d'une province égyptienne dans la première moitié du Ve siècle : le milieu administratif, le milieu municipal, l'Église, les moines. Au cœur de ces relations épistolaires, on discerne peu à peu les traits d'Isidore " l'âme de Péluse ", personnage bien réel, pétri de rhétorique, imprégné d'Écriture, courageux devant les puissants, dur avec les infâmes, exigeant, mais sensible et fidèle dans ses amitiés. Le corpus isidorien, souvent ignoré ou mal connu, abonde en détails utiles aux historiens de l'Empire, de l'Église, de la vie pastorale ou monastique, comme aux exégètes ou aux hellénistes. Le présent ouvrage (dont certaines conclusions viennent d'être confirmées par des fouilles archéologiques) plaide pour l'origine pélusiote du corpus et l'existence même d'Isidore de Péluse (récemment mise en doute par certains).